LOST IN THALASSO | EPISODE I

Nouvelle gagnante

J’arrive à Bénodet à neuf heures moins le quart. Le jour se lève à peine, on est samedi matin, je devrais être en train de dormir, qu’est-ce que je fous là ? Qu’est-ce que j’ai pu dire devant mes amis, qui ait pu leur laisser croire que j’avais envie de passer une journée en thalasso, hein ? Je me gare, encore endormie, le vent arrache à moitié ma portière lorsque je tente de sortir de la voiture, des rafales de pluie inondent les sièges... Harnachée dans la grosse parka de mon homme, trop grande pour moi, je n’arrive pas à enfiler la bandoulière de ma besace tout en tenant le gros cabas où j’ai mis mes affaires, les clés de la voiture tombent, ma capuche se soulève, avant même d’être entrée, c’est bon, je suis déjà trempée... J’arrive à l'accueil, complètement échevelée, la parka tirebouchonnée dans la bride du sac, je comprendrai plus tard que je suis déjà parfaitement dans le ton… On m'envoie au vestiaire avec un peignoir, une serviette et un pochon en plastique que je regarde d'un air interrogatif... On me remet aussi un "programme de soins" sous plastique sur lequel je constate, amère, que le premier soin n’est qu’à neuf heures trente...ça me laisse une grosse demi-heure pour me mettre en peignoir, je devrais y arriver…

A neuf heures je suis en bas, pieds nus. J'ai oublié mes tongs, et je ne regrette pas, parce que le curiste de base n’est déjà pas glamour, avec le peignoir de traviole, le pochon plastique pendouillant à l'épaule, alors le shlik-shlik de la mule en sus, ça aurait vraiment été trop total look… Le fameux pochon sert à mettre son "programme de soins" lui aussi sous plastique, donc, ainsi que le bonnet de bain, la petite serviette éponge et...et c'est tout ! Tous les deux mètres il est recommandé de ne pas laisser d'objet de valeur dans le pochon -  gracieusement offert à la fin de la cure, d'ailleurs - la seule chose que je propose donc d'emmener, c'est un vieux numéro de Elle, ou Auto Hebdo (éviter Saint-Exupéry chez La Pléiade, ou alors sous plastique) Voila voila… je regarde autour de moi, des gens passent, avançant précautionneusement un pied après l’autre, maîtrisant la glisse... Certains ont déjà du se prendre des vols d’anthologie, sur un sol mouillé en permanence, un faux pas et paf ! en vrac sur le carrelage, le peignoir ouvert et le pochon renversant son contenu dans la flotte, on comprend qu’ils fassent attention… Je revois alors la série de photos de Marilyn Monroe à la plage, les cheveux dans le vent, en peignoir blanc, sublime… sublime ? Personne n'a l'air sublime en peignoir blanc dans une thalasso...sous les néons, le cheveu frisottant, le teint rose du petit cochon, le souffle court, le visage congestionné, l'air humide, fatigué et un peu perdu, aucun curiste de thalasso ne ressemble à Marilyn...

(à suivre)

Comments

[Chris]

Vraiment je ne comprends pas ce soudain revirement sur les tongs... Les TONGS!
t'aimes plus les tongs??
Désarois.

J'attends la description du bain de boue avec délectation.